Sophie Tellier

« La pièce raconte la trajectoire d'une femme qui a cherché à s'émanciper, et a eût un positionnement très déterminé sur l'égalité des sexes... »

Depuis longtemps, il tenait au cœur de Sophie Tellier de porter à la scène et en chansons, le personnage sulfureux et romanesque de Liane de Pougy. C'est aujourd'hui chose faite. On retrouve ces multiples talents de danseuse, chorégraphe, chanteuse, comédienne, dans "Chère Insaisissable" mise en scène par Jean-Luc Revol, actuellement au Festival Off d'Avignon 2023.

« Je n'ai pas eu la sensation de faire un choix quand j'ai commencé la scène... »

Qu'est-ce qui vous a fait aimer / choisir le théâtre ?

Le besoin d'être sur des planches, de m'exprimer avec les mots d'un/d'une autre, d'un auteur/autrice, d'un personnage, de vivre la vie d'autres femmes, d'être quelqu'un d'autre... de plus intéressant peut-être, et d'exprimer un trop plein, un bouillonnement intérieur. Je n'ai pas eu la sensation de faire un choix quand j'ai commencé la scène (enfant et avec la danse donc), il y a eu une, puis des évidences, et des rencontres.

Une rencontre artistique décisive ? 

Il y en a tellement ! Déjà, la directrice de l'école de danse qui m'a octroyé une bourse à l'adolescence (Nicole Chirpaz). Et puis j'ai un « papa » de la danse (Redha) et un de la comédie musicale (Alain Marcel) et ensuite pas mal de rencontres décisives au théâtre (Philippe Calvario, Stéphane Cottin, Jean-Luc Revol, Jacques Lassalle...).

Je ne serais pas arrivée là si… 

je n'avais pas commencé par la danse ?

« La pièce raconte la trajectoire d'une femme qui a cherché à s'émanciper, et a eût un positionnement très déterminé sur l'égalité des sexes... »

Quel a été le déclencheur de votre création ? 

L'écriture. Le besoin d'une création personnelle. Il fallait que je couche quelque chose sur le papier. Et parce que j'ai incarné tellement de femmes dites « légères » dans ma carrière, raconter la vie d'une courtisane a été comme un appel, et la rencontre avec Liane de Pougy, une évidence. L'écriture m’a été très libératrice et même si je n'avais pas monté la pièce, j'étais déjà très « remplie » par l'écriture. J'ai dû me battre avec mon complexe de danseuse... tout dans les jambes rien dans la tête...(rire).

Comment avez-vous travaillé avec l'équipe artistique ?

Nous avons très bien travaillé ! C'est mon tout premier projet personnel, j'ai toujours été entourée et portée par les autres. Alors j'ai bien sûr choisi des personnes avec qui j'aime travailler (Jean-Luc Revol (mise en scène), Patrick Laviosa (comédien et pianiste), Anne Gayan (lumières), Jef Castaing nous a rejoint pour les costumes. J'avais besoin d'être dans une confiance totale. Le metteur en scène a apporté son univers, ses questionnements et ses propositions de coupes pour entrer dans le « format Avignon » ! (rire)

Comment s’est déroulé le travail au plateau ?

Avec fluidité, assez rapidement et dans la bonne humeur ! 

De quelle façon vous êtes-vous approprié le personnage et le texte ?

J'ai commencé à écrire le texte il y a plus de 6 ans maintenant. Je ne me prends pas pour un grand auteur, c'est un premier texte avec ses défauts et ses qualités ! Je l'ai adapté et affiné pour la scène pendant les répétitions. Le personnage a un parcours qui me touche énormément, et dire les mots qu'on a écrit est parfois très troublant.

Quelle place occupe la scénographie, la musique et lumière dans le spectacle ?

Une place très importante. J'avais besoin d'un écrin particulier pour raconter cette histoire à la fois intime et flamboyante. La scénographie vient du metteur en scène (à part une mini idée de moi !). La lumière a été confiée à Anne Gayan. La musique fait partie prenante de l'écriture depuis le début, j'ai choisi chaque morceau, chaque découpage et c'est un travail que j'adore faire ! Et j'ai choisi aussi ce talentueux partenaire et accompagnateur qu'est Patrick Laviosa.

Comment cette pièce touche-t-elle à la fois et à l’intime et à l’universel ?

La pièce raconte la trajectoire d'une femme qui a existé, Liane de Pougy (courtisane, danseuse et écrivaine) et qui a dû trouver sa place dans un monde d'hommes au XIXème siècle. Elle a cherché à s'émanciper, a eût un positionnement très déterminé sur l'égalité des sexes et la liberté sexuelle. Un sujet universel, oui, même si les chemins qu'elle a empruntés sont évidemment plutôt extrêmes. Cette femme fervente et révoltée contre la condition des femmes, a tout vécu. Elle est passée de notoriété et fortune au mépris, a subi la maltraitance, la perte d'un enfant, la trahison, a cherché la résilience et la rédemption. Sa vie est foisonnante, alors oui, cette pièce touche absolument à l'intime et à l'universel pour moi.

Qu’aimeriez-vous, peut-être, transmettre avec cette création ?

Le courage, la persévérance, « toutes les forces sont en moi » écrit-elle dans son journal. Et faire découvrir sa vie bien sûr, peu connue finalement en dehors du glamour et des perles. Partager des rires et des larmes, peut-être. Rendre un hommage à cette femme en avance sur son temps.

« Un acte de résistance ?
Apprendre à dire "Non" ? »

Un signe particulier ?

Le doute. 

Un message personnel ? 

Don't judge a book by its cover ! Ou « Ce n'est pas moi que je vends, c'est du rêve. » Liane de Pougy.

Un talent à suivre ? 

Boris Vigneron (Canopée) génial, inclassable, merveilleux !

Ce que vous n’aimeriez pas que l’on dise de vous ? 

Comme Liane « que je n'ai qu'un cerveau de poupée » !

Une confidence ? 

Gros trac et... est-ce que les gens vont aimer ?

Vos prochains projets ?

Toujours Belles de scène (Jeffrey Hatcher/Stéhane Cottin) aux Gémeaux à 19H. La tournée du Chevalier et la dame (Carlo Goldoni/Jean-Luc Revol). Lecture de Pionnières, la rencontre de Calamity Jane et Sarah Bernhardt (Jessica Goldman) le 11 Juillet à 10h au Théâtre Barretta à Avignon donc !

Publié le
13
.
07
.
2023
Par Jérôme Réveillère

Depuis longtemps, il tenait au cœur de Sophie Tellier de porter à la scène et en chansons, le personnage sulfureux et romanesque de Liane de Pougy. C'est aujourd'hui chose faite. On retrouve ces multiples talents de danseuse, chorégraphe, chanteuse, comédienne, dans "Chère Insaisissable" mise en scène par Jean-Luc Revol, actuellement au Festival Off d'Avignon 2023.

Photo © Ledroit-Perrin

« Je n'ai pas eu la sensation de faire un choix quand j'ai commencé la scène... »

Qu'est-ce qui vous a fait aimer / choisir le théâtre ?

Le besoin d'être sur des planches, de m'exprimer avec les mots d'un/d'une autre, d'un auteur/autrice, d'un personnage, de vivre la vie d'autres femmes, d'être quelqu'un d'autre... de plus intéressant peut-être, et d'exprimer un trop plein, un bouillonnement intérieur. Je n'ai pas eu la sensation de faire un choix quand j'ai commencé la scène (enfant et avec la danse donc), il y a eu une, puis des évidences, et des rencontres.

Une rencontre artistique décisive ? 

Il y en a tellement ! Déjà, la directrice de l'école de danse qui m'a octroyé une bourse à l'adolescence (Nicole Chirpaz). Et puis j'ai un « papa » de la danse (Redha) et un de la comédie musicale (Alain Marcel) et ensuite pas mal de rencontres décisives au théâtre (Philippe Calvario, Stéphane Cottin, Jean-Luc Revol, Jacques Lassalle...).

Je ne serais pas arrivée là si… 

je n'avais pas commencé par la danse ?

« La pièce raconte la trajectoire d'une femme qui a cherché à s'émanciper, et a eût un positionnement très déterminé sur l'égalité des sexes... »

Quel a été le déclencheur de votre création ? 

L'écriture. Le besoin d'une création personnelle. Il fallait que je couche quelque chose sur le papier. Et parce que j'ai incarné tellement de femmes dites « légères » dans ma carrière, raconter la vie d'une courtisane a été comme un appel, et la rencontre avec Liane de Pougy, une évidence. L'écriture m’a été très libératrice et même si je n'avais pas monté la pièce, j'étais déjà très « remplie » par l'écriture. J'ai dû me battre avec mon complexe de danseuse... tout dans les jambes rien dans la tête...(rire).

Comment avez-vous travaillé avec l'équipe artistique ?

Nous avons très bien travaillé ! C'est mon tout premier projet personnel, j'ai toujours été entourée et portée par les autres. Alors j'ai bien sûr choisi des personnes avec qui j'aime travailler (Jean-Luc Revol (mise en scène), Patrick Laviosa (comédien et pianiste), Anne Gayan (lumières), Jef Castaing nous a rejoint pour les costumes. J'avais besoin d'être dans une confiance totale. Le metteur en scène a apporté son univers, ses questionnements et ses propositions de coupes pour entrer dans le « format Avignon » ! (rire)

Comment s’est déroulé le travail au plateau ?

Avec fluidité, assez rapidement et dans la bonne humeur ! 

De quelle façon vous êtes-vous approprié le personnage et le texte ?

J'ai commencé à écrire le texte il y a plus de 6 ans maintenant. Je ne me prends pas pour un grand auteur, c'est un premier texte avec ses défauts et ses qualités ! Je l'ai adapté et affiné pour la scène pendant les répétitions. Le personnage a un parcours qui me touche énormément, et dire les mots qu'on a écrit est parfois très troublant.

Quelle place occupe la scénographie, la musique et lumière dans le spectacle ?

Une place très importante. J'avais besoin d'un écrin particulier pour raconter cette histoire à la fois intime et flamboyante. La scénographie vient du metteur en scène (à part une mini idée de moi !). La lumière a été confiée à Anne Gayan. La musique fait partie prenante de l'écriture depuis le début, j'ai choisi chaque morceau, chaque découpage et c'est un travail que j'adore faire ! Et j'ai choisi aussi ce talentueux partenaire et accompagnateur qu'est Patrick Laviosa.

Comment cette pièce touche-t-elle à la fois et à l’intime et à l’universel ?

La pièce raconte la trajectoire d'une femme qui a existé, Liane de Pougy (courtisane, danseuse et écrivaine) et qui a dû trouver sa place dans un monde d'hommes au XIXème siècle. Elle a cherché à s'émanciper, a eût un positionnement très déterminé sur l'égalité des sexes et la liberté sexuelle. Un sujet universel, oui, même si les chemins qu'elle a empruntés sont évidemment plutôt extrêmes. Cette femme fervente et révoltée contre la condition des femmes, a tout vécu. Elle est passée de notoriété et fortune au mépris, a subi la maltraitance, la perte d'un enfant, la trahison, a cherché la résilience et la rédemption. Sa vie est foisonnante, alors oui, cette pièce touche absolument à l'intime et à l'universel pour moi.

Qu’aimeriez-vous, peut-être, transmettre avec cette création ?

Le courage, la persévérance, « toutes les forces sont en moi » écrit-elle dans son journal. Et faire découvrir sa vie bien sûr, peu connue finalement en dehors du glamour et des perles. Partager des rires et des larmes, peut-être. Rendre un hommage à cette femme en avance sur son temps.

« Un acte de résistance ?
Apprendre à dire "Non" ? »

Un signe particulier ?

Le doute. 

Un message personnel ? 

Don't judge a book by its cover ! Ou « Ce n'est pas moi que je vends, c'est du rêve. » Liane de Pougy.

Un talent à suivre ? 

Boris Vigneron (Canopée) génial, inclassable, merveilleux !

Ce que vous n’aimeriez pas que l’on dise de vous ? 

Comme Liane « que je n'ai qu'un cerveau de poupée » !

Une confidence ? 

Gros trac et... est-ce que les gens vont aimer ?

Vos prochains projets ?

Toujours Belles de scène (Jeffrey Hatcher/Stéhane Cottin) aux Gémeaux à 19H. La tournée du Chevalier et la dame (Carlo Goldoni/Jean-Luc Revol). Lecture de Pionnières, la rencontre de Calamity Jane et Sarah Bernhardt (Jessica Goldman) le 11 Juillet à 10h au Théâtre Barretta à Avignon donc !