Salomé Villiers

« On a tous besoin de savoir d'où l'on vient »

Avant de retrouver le public pour Badine, adaptée de l'œuvre d'Alfred de Musset, qu'elle met en scène, Salomé Villiers évoque les thèmes qui lui sont chers tels que la culture et la transmission, son besoin "viscéral" de mettre en scène, les œuvres qui l'ont influencée, et surtout sa prochaine mise en scène La Grande Musique de Stéphane Guérin, qu'elle décrit comme "un texte sensible, délicat et passionnant sur la psychogénéalogie".

« Je pense que le spectacle vivant fait partie de notre ADN... »

En quoi est-il essentiel de faire du théâtre aujourd’hui ? 

Il est toujours essentiel de faire du théâtre. Ça l'a toujours été et ça le sera toujours. Le théâtre a une dimension sacrée, c'est en quelque sorte la messe de l'émotion et la sacralisation de l'instant présent, et c'est d'ailleurs ce qui fait toute sa force et toute sa fragilité à la fois, on ne sait jamais ce qui va arriver la seconde d'après. Pour parler de théâtre on parle d'Art Vivant. Et le Vivant c'est sacré. Les hommes se sont toujours inventés et racontés des histoires pour évoluer et pour transmettre. Le spectacle vivant c'est aussi la transmission, la rencontre et le partage. Je pense que le spectacle vivant fait partie de notre ADN.

Comment inventer le théâtre de demain ?

Je ne crois pas qu'il y ait à imaginer de théâtre de demain, il n'y a que du théâtre et les artistes et les artisans qui le construisent. C'est toujours en mouvement quoi qu'il arrive.

Contre l'obscurantisme, la violence ou la privation de liberté, la culture et l'éducation deviennent alors les plus beaux des étendards.

Une définition de la culture ?

La nourriture du cœur et de l'esprit.

Quelles sont vos batailles pour la culture ?

J'essaie de faire tout ce que je peux, à mon échelle, pour la défendre. La culture est au centre de nos existences, elle est essentielle (un mot qu'on entend beaucoup en ce moment), donc elle est toujours au cœur de chacun de mes combats et même quand il s'agit de combats qui ne la concerne pas directement. Contre l'obscurantisme, la violence ou la privation de liberté, la culture et l'éducation deviennent alors les plus beaux des étendards.

Quelle est votre relation à la mise en scène ?

C'est un besoin. Je ressens le besoin de mettre en scène autant que d'interpréter des personnages. C'est assez inexplicable, c'est inscrit en moi, comme tous les artistes je pense. C'est viscéral... Je crois que mettre en scène un spectacle c'est d'abord partager. D'abord avec son équipe car le théâtre comme le cinéma, c'est la puissance du collectif. C'est l'union de toute une équipe qui fait la force d'un projet. On ne fait rien tout seul. Pour enfin partager l'aventure avec le public, et ce partage-là c'est l'apothéose ! C'est comme un vertige, ça fait terriblement peur et c'est tellement excitant ! J'ai la sensation que la mise en scène, c'est un appel à l'aventure partagée et la soif insatiable de donner un corps au rêve, c'est une prise de risque et le risque c'est toujours un effort que l'on doit saluer.

« Il est capital de se rappeler que les histoires de famille, c'est la base de toutes les histoires... »

Quels sont vos projets artistiques à venir ?

Le prochain projet en mise en scène après Badine, ce sera de monter la magnifique pièce sur la psychogénéalogie de Stéphane Guérin La Grande Musique et en tant que comédienne je jouerai une partition multiple dans Le Montespan, pièce que j'ai adaptée à partir du roman de Jean Teulé.

Comment est né le projet La Grande Musique ?

J'ai rencontré Stéphane Guérin en jouant sa pièce Kamikazes mise en scène par Anne Bouvier au festival d'Avignon au Théâtre Buffon. Un jour, on buvait un pac à l'eau (boisson avignonnaise), et on s'est dit qu'on avait très envie de retravailler ensemble et que je mette en scène une de ses pièces. Je lui ai donné une liste de comédiens et il a écrit pour eux. Sans même que je lui en dise plus, il a écrit La Grande Musique un texte sensible, délicat et passionnant sur la psychogénéalogie, c'est un thème qui m'intrigue depuis un bon moment. Nos esprits étaient connectés.

Quelle place occupe la musique dans votre mise en scène ?

Elle est capitale. J'écoute de la musique tout le temps. La première chose que je fais quand je lis un texte c'est de lui associer une bande originale que je me fais dans ma tête. L'association de la musique et de la plume d'un auteur m'emmène dans un rythme différent à chaque fois, je ne réfléchis plus à ce moment-là, je voyage et je laisse faire mes sens et mon instinct. C'est toujours très amusant, c'est l'imaginaire qui l'emporte sur le reste.

La psychogénéalogie c'est aussi la volonté de comprendre comment l'addition d'événements extérieurs et de comportements d'individus de la même famille à différentes époques peuvent impacter nos comportements aujourd'hui.

Pourquoi aborder le sujet de la psychogénéalogie ?

C'est fascinant comme sujet ! On a tous besoin de savoir d'où l'on vient, de chercher et de comprendre pourquoi on est fait de ce bois-là ou d'un autre. Un arbre généalogique c'est comme une carte au trésor. On ne se lance pas tous dans une psychanalyse ou dans un travail sur soi pour mieux se comprendre mais on essaie tous tant bien que mal de résoudre nos propres énigmes, on a tous des interrogations, des zones d'ombres dans notre façon de fonctionner, des choses à reprocher ou à saluer dans les comportements de nos parents et de nos grands-parents, etc., et qui ont une influence sur nous aujourd'hui... La psychogénéalogie c'est aussi la volonté de comprendre comment l'addition d'événements extérieurs et de comportements d'individus de la même famille à différentes époques peuvent impacter nos comportements aujourd'hui. C'est l'étude de l'Histoire vue par le prisme personnel de chaque personne qui a la volonté de comprendre et de savoir d'où il vient.

Aimantes, étouffantes, envahissantes, bienveillantes, détruites, solidaires, recomposées : les familles...

Que représente la famille pour vous ?

Je pense qu’il est capital de se rappeler que les histoires de famille, c'est la base de toutes les histoires. La famille c'est le terreau et chacun s’en sort comme il peut pour « pousser » et semer à son tour les graines de son histoire, comme un passage de relais aux générations suivantes. Aimantes, étouffantes, envahissantes, bienveillantes, détruites, solidaires, recomposées : les familles... Ces microcosmes évoquent une multitude d’adjectifs à chacun et à l’imaginaire collectif. Et puis il y a la famille que l'on choisit aussi et ça c'est encore un autre sujet mais ces deux univers sont quand même liés quoi qu'il arrive, pourquoi choisit-on de se rapprocher de telle personne plus que d'une autre ? C'est toujours lié à la somme de nos expériences vécues et la toute première expérience de lien social de chaque être humain, c'est la famille.

« Je veux vivre avec passion, avec intérêt pour le Monde et son évolution... »

Une confidence ?

Quand je travaille, j'ai tendance à me répéter plusieurs fois en reformulant à chaque fois différemment. Les gens peuvent penser que c'est pour eux que je répète mais en fait c'est surtout pour moi... Pour être bien sûre que c'est vraiment ça que je pense et si c'est la meilleure manière de le formuler...

Un acte de résistance ?

En ce moment, ce serait de retrouver un peu de légèreté... Mais sinon refuser de courir dans le même sens que tout le monde, oser prendre des risques, ne pas faire forcément ce qu'on attend de nous mais écouter ce qu'on a vraiment envie de faire (c'est difficile), ne pas forcément rentrer dans le moule pour ne pas ressembler à une tarte (j'adore cette formule, elle me fait rire)... et puis reconnaître que des fois on ne sait pas, savoir reconnaître quand on a besoin des autres, être patient et écouter la bienveillance, avoir la tendresse comme moteur, et partager.

Un festival idéal ?

J'aime le concept du festival parce que c'est la réunion de talents, c'est un fourmillement, on en prend plein les yeux tout le temps, c'est toujours différent donc c'est enivrant. Et puis il y a aussi la notion d'événement, c'est une fois par an, on se prépare pour une occasion exceptionnelle. C'est une bulle hors du temps qui demande une organisation incroyable.

Un talent à suivre ?

Il y a beaucoup de talents qui me touche donc c'est impossible d'en choisir un. Chacun a son univers et sa sensibilité : Étienne Launay, Pierre Hélie, Simon Larvaron, Hélène Degy, Anne Bouvier, Julie Cavanna, Delphine Depardieu, Milena Marinelli, Violaine Nouveau, Brice Hillairet, Jessica Berthe, Benjamin Egner, Benjamin Brenière, Georges Vauraz, Laura Zauner, Arnaud Denis, Alexandre Bonstein, François Nambot, Bertrand Mounier, Grégory Benchenafi, Geoffrey Couët, Charles Lelaure, Charlotte Matzneff, Pierre-Louis Laugérias, Murielle Huet des Aulnay, Clara Hesse, Johann Dionnet, Adrien Biry-Vicente, Teddy Melis, Vanessa Cailhol, Andréa Brusque, Antoine Berry-Roger, Elise Noiraud, Johanna Boyé, Marine Dusehu, Pascal Gautier, Pauline Caupenne, Valentin de Carbonnières, Jina Djemba, Hervé Devolder, Alysson Paradis, Garance Bocobza, Guillaume Sentou, Margaux Maillet, Yannis Baraban, David Talbot, Ludovic Laroche, Elie Rapp... Et j'en oublie plein, je pourrais parler de tous les artistes que j'aime et qui m'inspirent mais on est pas couchés là... Faut pas me demander des choses comme ça.

Avec Le Soleil des Scorta de Laurent Gaudé, j'ai goûté à la chaleur terrassante du sud de l'Italie et à des rapports difficiles dans une famille maudite et bouleversante

Ce que vous n’aimeriez pas que l’on dise de vous ?

Je n'aimerais pas qu'on dise que je suis indifférente, méprisante ou que je manque d'exigence dans mon travail et dans ma vie. Je pense être quelqu'un de passionnée et je veux vivre avec passion, avec intérêt pour le Monde et son évolution, pour les rencontres et pour mon travail.

« Avec... »

...La Belle et la bête de Jean Cocteau, j’ai eu envie de rêver. J'avais 5 ans quand j'ai vu ce film, j'étais hypnotisée et je le suis toujours...

...On ne badine pas avec l'amour d'Alfred de Musset, j’ai compris qu'on ne souffre que quand on aime et que c'est ce qui nous construit. Comme le dit Perdican (phrase empruntée à Georges Sand) : « (...) quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : j’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. »

...Les demoiselles de Rochefort, j’ai appris à chanter... même si c'est comme une casserole !

...Cyrano de Bergerac, j’ai décidé de devenir comédienne.

...Le baiser de Gustave Klimt, j’ai rencontré la sensualité.

...Bohemian Rhapsody de Queen j’ai commis des conneries dont je suis fière et qui m'ont fait rire ! Des chorégraphies foldingues à s'en fracasser la tête et les genoux sur le carrelage parfois ! Et sur moultes autres chansons.

...Le Soleil des Scorta de Laurent Gaudé, j'ai goûté à la chaleur terrassante du sud de l'Italie et à des rapports difficiles dans une famille maudite et bouleversante, du Shakespeare contemporain. J'ai adoré ce roman.

« Mon message au public... »

Que j'ai hâte de le revoir.

Publié le
11
.
12
.
2020
Par Jérôme Réveillère

Avant de retrouver le public pour Badine, adaptée de l'œuvre d'Alfred de Musset, qu'elle met en scène, Salomé Villiers évoque les thèmes qui lui sont chers tels que la culture et la transmission, son besoin "viscéral" de mettre en scène, les œuvres qui l'ont influencée, et surtout sa prochaine mise en scène La Grande Musique de Stéphane Guérin, qu'elle décrit comme "un texte sensible, délicat et passionnant sur la psychogénéalogie".

Photo © Cédric Vasnier

« Je pense que le spectacle vivant fait partie de notre ADN... »

En quoi est-il essentiel de faire du théâtre aujourd’hui ? 

Il est toujours essentiel de faire du théâtre. Ça l'a toujours été et ça le sera toujours. Le théâtre a une dimension sacrée, c'est en quelque sorte la messe de l'émotion et la sacralisation de l'instant présent, et c'est d'ailleurs ce qui fait toute sa force et toute sa fragilité à la fois, on ne sait jamais ce qui va arriver la seconde d'après. Pour parler de théâtre on parle d'Art Vivant. Et le Vivant c'est sacré. Les hommes se sont toujours inventés et racontés des histoires pour évoluer et pour transmettre. Le spectacle vivant c'est aussi la transmission, la rencontre et le partage. Je pense que le spectacle vivant fait partie de notre ADN.

Comment inventer le théâtre de demain ?

Je ne crois pas qu'il y ait à imaginer de théâtre de demain, il n'y a que du théâtre et les artistes et les artisans qui le construisent. C'est toujours en mouvement quoi qu'il arrive.

Contre l'obscurantisme, la violence ou la privation de liberté, la culture et l'éducation deviennent alors les plus beaux des étendards.

Une définition de la culture ?

La nourriture du cœur et de l'esprit.

Quelles sont vos batailles pour la culture ?

J'essaie de faire tout ce que je peux, à mon échelle, pour la défendre. La culture est au centre de nos existences, elle est essentielle (un mot qu'on entend beaucoup en ce moment), donc elle est toujours au cœur de chacun de mes combats et même quand il s'agit de combats qui ne la concerne pas directement. Contre l'obscurantisme, la violence ou la privation de liberté, la culture et l'éducation deviennent alors les plus beaux des étendards.

Quelle est votre relation à la mise en scène ?

C'est un besoin. Je ressens le besoin de mettre en scène autant que d'interpréter des personnages. C'est assez inexplicable, c'est inscrit en moi, comme tous les artistes je pense. C'est viscéral... Je crois que mettre en scène un spectacle c'est d'abord partager. D'abord avec son équipe car le théâtre comme le cinéma, c'est la puissance du collectif. C'est l'union de toute une équipe qui fait la force d'un projet. On ne fait rien tout seul. Pour enfin partager l'aventure avec le public, et ce partage-là c'est l'apothéose ! C'est comme un vertige, ça fait terriblement peur et c'est tellement excitant ! J'ai la sensation que la mise en scène, c'est un appel à l'aventure partagée et la soif insatiable de donner un corps au rêve, c'est une prise de risque et le risque c'est toujours un effort que l'on doit saluer.

« Il est capital de se rappeler que les histoires de famille, c'est la base de toutes les histoires... »

Quels sont vos projets artistiques à venir ?

Le prochain projet en mise en scène après Badine, ce sera de monter la magnifique pièce sur la psychogénéalogie de Stéphane Guérin La Grande Musique et en tant que comédienne je jouerai une partition multiple dans Le Montespan, pièce que j'ai adaptée à partir du roman de Jean Teulé.

Comment est né le projet La Grande Musique ?

J'ai rencontré Stéphane Guérin en jouant sa pièce Kamikazes mise en scène par Anne Bouvier au festival d'Avignon au Théâtre Buffon. Un jour, on buvait un pac à l'eau (boisson avignonnaise), et on s'est dit qu'on avait très envie de retravailler ensemble et que je mette en scène une de ses pièces. Je lui ai donné une liste de comédiens et il a écrit pour eux. Sans même que je lui en dise plus, il a écrit La Grande Musique un texte sensible, délicat et passionnant sur la psychogénéalogie, c'est un thème qui m'intrigue depuis un bon moment. Nos esprits étaient connectés.

Quelle place occupe la musique dans votre mise en scène ?

Elle est capitale. J'écoute de la musique tout le temps. La première chose que je fais quand je lis un texte c'est de lui associer une bande originale que je me fais dans ma tête. L'association de la musique et de la plume d'un auteur m'emmène dans un rythme différent à chaque fois, je ne réfléchis plus à ce moment-là, je voyage et je laisse faire mes sens et mon instinct. C'est toujours très amusant, c'est l'imaginaire qui l'emporte sur le reste.

La psychogénéalogie c'est aussi la volonté de comprendre comment l'addition d'événements extérieurs et de comportements d'individus de la même famille à différentes époques peuvent impacter nos comportements aujourd'hui.

Pourquoi aborder le sujet de la psychogénéalogie ?

C'est fascinant comme sujet ! On a tous besoin de savoir d'où l'on vient, de chercher et de comprendre pourquoi on est fait de ce bois-là ou d'un autre. Un arbre généalogique c'est comme une carte au trésor. On ne se lance pas tous dans une psychanalyse ou dans un travail sur soi pour mieux se comprendre mais on essaie tous tant bien que mal de résoudre nos propres énigmes, on a tous des interrogations, des zones d'ombres dans notre façon de fonctionner, des choses à reprocher ou à saluer dans les comportements de nos parents et de nos grands-parents, etc., et qui ont une influence sur nous aujourd'hui... La psychogénéalogie c'est aussi la volonté de comprendre comment l'addition d'événements extérieurs et de comportements d'individus de la même famille à différentes époques peuvent impacter nos comportements aujourd'hui. C'est l'étude de l'Histoire vue par le prisme personnel de chaque personne qui a la volonté de comprendre et de savoir d'où il vient.

Aimantes, étouffantes, envahissantes, bienveillantes, détruites, solidaires, recomposées : les familles...

Que représente la famille pour vous ?

Je pense qu’il est capital de se rappeler que les histoires de famille, c'est la base de toutes les histoires. La famille c'est le terreau et chacun s’en sort comme il peut pour « pousser » et semer à son tour les graines de son histoire, comme un passage de relais aux générations suivantes. Aimantes, étouffantes, envahissantes, bienveillantes, détruites, solidaires, recomposées : les familles... Ces microcosmes évoquent une multitude d’adjectifs à chacun et à l’imaginaire collectif. Et puis il y a la famille que l'on choisit aussi et ça c'est encore un autre sujet mais ces deux univers sont quand même liés quoi qu'il arrive, pourquoi choisit-on de se rapprocher de telle personne plus que d'une autre ? C'est toujours lié à la somme de nos expériences vécues et la toute première expérience de lien social de chaque être humain, c'est la famille.

« Je veux vivre avec passion, avec intérêt pour le Monde et son évolution... »

Une confidence ?

Quand je travaille, j'ai tendance à me répéter plusieurs fois en reformulant à chaque fois différemment. Les gens peuvent penser que c'est pour eux que je répète mais en fait c'est surtout pour moi... Pour être bien sûre que c'est vraiment ça que je pense et si c'est la meilleure manière de le formuler...

Un acte de résistance ?

En ce moment, ce serait de retrouver un peu de légèreté... Mais sinon refuser de courir dans le même sens que tout le monde, oser prendre des risques, ne pas faire forcément ce qu'on attend de nous mais écouter ce qu'on a vraiment envie de faire (c'est difficile), ne pas forcément rentrer dans le moule pour ne pas ressembler à une tarte (j'adore cette formule, elle me fait rire)... et puis reconnaître que des fois on ne sait pas, savoir reconnaître quand on a besoin des autres, être patient et écouter la bienveillance, avoir la tendresse comme moteur, et partager.

Un festival idéal ?

J'aime le concept du festival parce que c'est la réunion de talents, c'est un fourmillement, on en prend plein les yeux tout le temps, c'est toujours différent donc c'est enivrant. Et puis il y a aussi la notion d'événement, c'est une fois par an, on se prépare pour une occasion exceptionnelle. C'est une bulle hors du temps qui demande une organisation incroyable.

Un talent à suivre ?

Il y a beaucoup de talents qui me touche donc c'est impossible d'en choisir un. Chacun a son univers et sa sensibilité : Étienne Launay, Pierre Hélie, Simon Larvaron, Hélène Degy, Anne Bouvier, Julie Cavanna, Delphine Depardieu, Milena Marinelli, Violaine Nouveau, Brice Hillairet, Jessica Berthe, Benjamin Egner, Benjamin Brenière, Georges Vauraz, Laura Zauner, Arnaud Denis, Alexandre Bonstein, François Nambot, Bertrand Mounier, Grégory Benchenafi, Geoffrey Couët, Charles Lelaure, Charlotte Matzneff, Pierre-Louis Laugérias, Murielle Huet des Aulnay, Clara Hesse, Johann Dionnet, Adrien Biry-Vicente, Teddy Melis, Vanessa Cailhol, Andréa Brusque, Antoine Berry-Roger, Elise Noiraud, Johanna Boyé, Marine Dusehu, Pascal Gautier, Pauline Caupenne, Valentin de Carbonnières, Jina Djemba, Hervé Devolder, Alysson Paradis, Garance Bocobza, Guillaume Sentou, Margaux Maillet, Yannis Baraban, David Talbot, Ludovic Laroche, Elie Rapp... Et j'en oublie plein, je pourrais parler de tous les artistes que j'aime et qui m'inspirent mais on est pas couchés là... Faut pas me demander des choses comme ça.

Avec Le Soleil des Scorta de Laurent Gaudé, j'ai goûté à la chaleur terrassante du sud de l'Italie et à des rapports difficiles dans une famille maudite et bouleversante

Ce que vous n’aimeriez pas que l’on dise de vous ?

Je n'aimerais pas qu'on dise que je suis indifférente, méprisante ou que je manque d'exigence dans mon travail et dans ma vie. Je pense être quelqu'un de passionnée et je veux vivre avec passion, avec intérêt pour le Monde et son évolution, pour les rencontres et pour mon travail.

« Avec... »

...La Belle et la bête de Jean Cocteau, j’ai eu envie de rêver. J'avais 5 ans quand j'ai vu ce film, j'étais hypnotisée et je le suis toujours...

...On ne badine pas avec l'amour d'Alfred de Musset, j’ai compris qu'on ne souffre que quand on aime et que c'est ce qui nous construit. Comme le dit Perdican (phrase empruntée à Georges Sand) : « (...) quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : j’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. »

...Les demoiselles de Rochefort, j’ai appris à chanter... même si c'est comme une casserole !

...Cyrano de Bergerac, j’ai décidé de devenir comédienne.

...Le baiser de Gustave Klimt, j’ai rencontré la sensualité.

...Bohemian Rhapsody de Queen j’ai commis des conneries dont je suis fière et qui m'ont fait rire ! Des chorégraphies foldingues à s'en fracasser la tête et les genoux sur le carrelage parfois ! Et sur moultes autres chansons.

...Le Soleil des Scorta de Laurent Gaudé, j'ai goûté à la chaleur terrassante du sud de l'Italie et à des rapports difficiles dans une famille maudite et bouleversante, du Shakespeare contemporain. J'ai adoré ce roman.

« Mon message au public... »

Que j'ai hâte de le revoir.