Caroline Rochefort

« Violette a recouvert toute sa douleur avec des fleurs... »

C'est dans le hall d'une gare, avant un trajet Paris-Avignon, que son coup de cœur pour le best-seller Changer l'eau des fleurs de Valérie Perrin a eu lieu. Entre deux représentations de son adaptation scénique au Théâtre du Chêne Noir (Festival Off d'Avignon 2022), Caroline Rochefort revient sur cette rencontre avec son héroïne, Violette Toussaint, qui depuis ne la quitte plus et lui a valu une nomination lors des derniers Molières.

« L’Alchimiste de Paulo Coelho... »

Qu'est-ce qui vous a fait aimer / choisir le théâtre ?

​​La littérature. Hugo, Camus, Racine.

Une rencontre artistique décisive ?

Plusieurs. Judith Wille, celle qui m’a offert mon premier rôle principal et qui m’a donné des clés essentielles. Mikaël Chirinian, un artiste dont la vibration me bouleverse. Julie Goudard, qui me guide pour accueillir les personnages. Et évidemment… Ludivine de Chastenet, géniale actrice et metteuse en scène, et Salomé Lelouch, formidable autrice et metteuse en scène ; on partage une aventure artistique forte avec notre société de production Matrioshka Productions. Ces personnes sont des sources d’inspiration.

Je ne serais pas arrivée là si… ?

Une lecture. L’Alchimiste de Paulo Coelho. J’avais 21 ans. J’ai modifié ma vie ensuite.

Mikaël Chirinian, Caroline Rochefort et Morgan Perez dans "Changer l'eau des fleurs" de Valérie Perrin - Photo © D.R
Mikaël Chirinian, Caroline Rochefort et Morgan Perez dans "Changer l'eau des fleurs" de Valérie Perrin - Photo © D.R

« Violette a recouvert toute sa douleur avec des fleurs... »

Quel a été le déclencheur de Changer l’eau des fleurs ?

Une librairie dans le hall de gare avant un Paris-Avignon. Le titre était joli. Un immense coup de cœur. Une petite voix intérieure que j’ai écoutée.

Comment avez-vous travaillé avec Mikaël Chirinian à l’adaptation du roman de Valérie Perrin ?

Dix séances efficaces. Une vision commune du roman et de son adaptation possible.

Avec plus d’un million de lecteurs, n’y avait-il pas une peur de décevoir le public et l’auteure ?

Si, le jour de la première. Aujourd’hui, les spectateurs offrent des cadeaux inestimables à Violette, et Valérie… c’est comme un ange qui veille.

Comment s’est déroulé le travail au plateau avec vos metteurs en scène Salomé Lelouch et Mikaël Chirinian ?

Ça demandait beaucoup de concentration. Parfois… souvent… ils parlaient en même temps. Mais j’ai adoré.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans le livre et plus particulièrement dans le personnage de Violette Toussaint que vous incarnez ? 

Violette a recouvert toute sa douleur avec des fleurs. Elle a mis du beau sur sa tristesse. Elle entretient un rapport à la vie très puissant malgré les épreuves qu’elle a traversées. Elle a de la tendresse pour les choses simples, beaucoup d’humour et elle fait attention aux autres, elle a de la considération pour les autres. C’est rare. C’est un personnage qui me bouleverse par sa dignité, l’amour qui circule à travers elle, son lien avec les défunts et les vivants. Après il y a toujours une part de mystère dans une interprétation. Je pourrais parler d’elle des heures. Mais je préfère qu’on vienne la rencontrer.

De quelle façon vous êtes-vous appropriée le personnage de Violette et de ses fantômes et plus largement, comment cohabite-t-on avec elle chaque soir ?

J’ai rencontré Violette dès ma première lecture, on ne s’est jamais quitté. J’ai l’impression que c’est elle qui est venue vers moi.  C’est une rencontre très forte. Intime. Je lui fais de la place juste avant de jouer et après… elle emporte tout.

Beaucoup d’hommes tournent comme des ombres autour de Violette : Julien, Philippe et même Charles Trenet… Sont-ils là pour la ramener à la réalité ?

Violette a choisi tous ces hommes. Philippe elle s’y est accrochée, Charles Trenet l’a consolée, Julien… Elle lui a tendu la main. Ce dernier, incarné par Morgan Pérez, sera celui de la reconstruction, d’un renouveau possible.

Quelle place occupe la scénographie dans le spectacle ? Qu’apporte-t-elle ?

Un lieu unique traversé par toutes les histoires. Un espace qui se métamorphose. Ce lieu, c’est quasiment un personnage de l’histoire.

La pièce aborde plusieurs thèmes, dont l’amour et la mort qui sont ici étroitement liés, quel serait d’après vous le troisième thème constitutif de la pièce ?

L’amour, c’est une source intarissable, même après notre mort. C’est très lié au divin et à l’éternité. Ni commencement, ni fin. Je pense que notre époque en a infiniment besoin. Nos cœurs ont besoin d’être connectés au divin. Violette… elle répare les cœurs meurtris. La réparation, c’est le troisième thème. Chacun des personnages se répare comme il peut.

« J’ai le trac... »

Un acte de résistance ?

J’ai beaucoup de mal à résister. J’y travaille

Un signe particulier ?

J’ai une coccinelle épinglée sur ma robe.

Un message personnel ?

J’aime le pac à l’eau uniquement à Avignon. (je ne suis pas la seule, je sais)

Un talent à suivre ?

Stéphane Duclot. C’est un homme et artiste qui a beaucoup de talent mais trop d’humilité.

Ce que vous n’aimeriez pas que l’on dise de vous ?

Que j’ai beaucoup d’esprit (rires)

Une confidence ?

J’ai le trac tous les jours.

Vos prochains projets ?

Continuer mon voyage avec Violette le plus longtemps possible…

Publié le
22
.
07
.
2022
Par Jérôme Réveillère

C'est dans le hall d'une gare, avant un trajet Paris-Avignon, que son coup de cœur pour le best-seller Changer l'eau des fleurs de Valérie Perrin a eu lieu. Entre deux représentations de son adaptation scénique au Théâtre du Chêne Noir (Festival Off d'Avignon 2022), Caroline Rochefort revient sur cette rencontre avec son héroïne, Violette Toussaint, qui depuis ne la quitte plus et lui a valu une nomination lors des derniers Molières.

Photo © D.R

« L’Alchimiste de Paulo Coelho... »

Qu'est-ce qui vous a fait aimer / choisir le théâtre ?

​​La littérature. Hugo, Camus, Racine.

Une rencontre artistique décisive ?

Plusieurs. Judith Wille, celle qui m’a offert mon premier rôle principal et qui m’a donné des clés essentielles. Mikaël Chirinian, un artiste dont la vibration me bouleverse. Julie Goudard, qui me guide pour accueillir les personnages. Et évidemment… Ludivine de Chastenet, géniale actrice et metteuse en scène, et Salomé Lelouch, formidable autrice et metteuse en scène ; on partage une aventure artistique forte avec notre société de production Matrioshka Productions. Ces personnes sont des sources d’inspiration.

Je ne serais pas arrivée là si… ?

Une lecture. L’Alchimiste de Paulo Coelho. J’avais 21 ans. J’ai modifié ma vie ensuite.

Mikaël Chirinian, Caroline Rochefort et Morgan Perez dans "Changer l'eau des fleurs" de Valérie Perrin - Photo © D.R
Mikaël Chirinian, Caroline Rochefort et Morgan Perez dans "Changer l'eau des fleurs" de Valérie Perrin - Photo © D.R

« Violette a recouvert toute sa douleur avec des fleurs... »

Quel a été le déclencheur de Changer l’eau des fleurs ?

Une librairie dans le hall de gare avant un Paris-Avignon. Le titre était joli. Un immense coup de cœur. Une petite voix intérieure que j’ai écoutée.

Comment avez-vous travaillé avec Mikaël Chirinian à l’adaptation du roman de Valérie Perrin ?

Dix séances efficaces. Une vision commune du roman et de son adaptation possible.

Avec plus d’un million de lecteurs, n’y avait-il pas une peur de décevoir le public et l’auteure ?

Si, le jour de la première. Aujourd’hui, les spectateurs offrent des cadeaux inestimables à Violette, et Valérie… c’est comme un ange qui veille.

Comment s’est déroulé le travail au plateau avec vos metteurs en scène Salomé Lelouch et Mikaël Chirinian ?

Ça demandait beaucoup de concentration. Parfois… souvent… ils parlaient en même temps. Mais j’ai adoré.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans le livre et plus particulièrement dans le personnage de Violette Toussaint que vous incarnez ? 

Violette a recouvert toute sa douleur avec des fleurs. Elle a mis du beau sur sa tristesse. Elle entretient un rapport à la vie très puissant malgré les épreuves qu’elle a traversées. Elle a de la tendresse pour les choses simples, beaucoup d’humour et elle fait attention aux autres, elle a de la considération pour les autres. C’est rare. C’est un personnage qui me bouleverse par sa dignité, l’amour qui circule à travers elle, son lien avec les défunts et les vivants. Après il y a toujours une part de mystère dans une interprétation. Je pourrais parler d’elle des heures. Mais je préfère qu’on vienne la rencontrer.

De quelle façon vous êtes-vous appropriée le personnage de Violette et de ses fantômes et plus largement, comment cohabite-t-on avec elle chaque soir ?

J’ai rencontré Violette dès ma première lecture, on ne s’est jamais quitté. J’ai l’impression que c’est elle qui est venue vers moi.  C’est une rencontre très forte. Intime. Je lui fais de la place juste avant de jouer et après… elle emporte tout.

Beaucoup d’hommes tournent comme des ombres autour de Violette : Julien, Philippe et même Charles Trenet… Sont-ils là pour la ramener à la réalité ?

Violette a choisi tous ces hommes. Philippe elle s’y est accrochée, Charles Trenet l’a consolée, Julien… Elle lui a tendu la main. Ce dernier, incarné par Morgan Pérez, sera celui de la reconstruction, d’un renouveau possible.

Quelle place occupe la scénographie dans le spectacle ? Qu’apporte-t-elle ?

Un lieu unique traversé par toutes les histoires. Un espace qui se métamorphose. Ce lieu, c’est quasiment un personnage de l’histoire.

La pièce aborde plusieurs thèmes, dont l’amour et la mort qui sont ici étroitement liés, quel serait d’après vous le troisième thème constitutif de la pièce ?

L’amour, c’est une source intarissable, même après notre mort. C’est très lié au divin et à l’éternité. Ni commencement, ni fin. Je pense que notre époque en a infiniment besoin. Nos cœurs ont besoin d’être connectés au divin. Violette… elle répare les cœurs meurtris. La réparation, c’est le troisième thème. Chacun des personnages se répare comme il peut.

« J’ai le trac... »

Un acte de résistance ?

J’ai beaucoup de mal à résister. J’y travaille

Un signe particulier ?

J’ai une coccinelle épinglée sur ma robe.

Un message personnel ?

J’aime le pac à l’eau uniquement à Avignon. (je ne suis pas la seule, je sais)

Un talent à suivre ?

Stéphane Duclot. C’est un homme et artiste qui a beaucoup de talent mais trop d’humilité.

Ce que vous n’aimeriez pas que l’on dise de vous ?

Que j’ai beaucoup d’esprit (rires)

Une confidence ?

J’ai le trac tous les jours.

Vos prochains projets ?

Continuer mon voyage avec Violette le plus longtemps possible…