Amaury de Crayencour

« Tout est séduisant pour moi chez Jack London, son goût pour l'aventure, sa liberté... »

Après La Machine de Turing, le comédien Amaury de Crayencour retrouve Benoit Solès et Tristan Petitgirard dans "La Maison du loup". Une épopée intime sur les traces de l’écrivain américain Jack London, et sur la rencontre qui provoquera l’écriture de son roman Le Vagabond des étoiles. Il a répondu à nos questions autour de cette création à découvrir au Festival Off d’Avignon, au Théâtre du Chêne Noir.

« On est nombreux à regarder la même chose mais notre expérience est unique... »

Qu'est-ce qui vous a fait aimer, choisir le théâtre ?

L'adrénaline ! Rien n'est aussi fort pour moi que cette sensation extraordinaire au moment des saluts. On a raconté notre histoire, on a joué, on a eu un trac incroyable, le temps s'est arrêté, on est passé par mille émotions, on est encore traversé par chacune d'entre elles et on se présente, sans artifices, sans masques, devant le public qui fait ce geste si fort, si vibrant, si bruyant de joindre ses mains en les tapant fort les unes contre les autres pour nous dire merci. J'aime ce rapport au public, ces émotions partagées, la douleur au ventre avant une première qui nous fait nous demander ce qu'on fait là et la réponse qui vient très vite après quand on a commencé à jouer... On sait très bien ce qu'on fait là finalement, et c'est là qu'on est le mieux.

En quoi le théâtre est-il essentiel aujourd’hui ?

Le théâtre c'est un moment d'évasion, c'est un partage avec des dizaines, des centaines de personnes. On vit tous en même temps la même histoire, le même voyage. Le théâtre comme la musique, les livres, le cinéma est un moyen de sortir de soi et de son quotidien pour aller vers l'autre, découvrir l'autre et du coup revenir à soi changé, amélioré, plus riche de connaissances et d'émotions nouvelles. Le théâtre est un endroit où l'on apprend sur soi en apprenant sur les autres. C'est la meilleure thérapie possible ! Une thérapie de groupe qui ramène à une grande intimité. Il y a ce paradoxe sublime du spectateur, on est au beau milieu d'une foule mais on est seul, on est nombreux à regarder la même chose mais notre expérience est unique, on vit une chose intime et impudique, on rit, on pleure, on a la sensation que les acteurs ne sont là que pour nous.

Une rencontre artistique décisive ?

Ce métier est fait de rencontres, c'est ce qui nous fait avancer, évoluer, grandir. Alors il y a d'abord eu Stéphane Simons, professeur de lettres au lycée Saint Jean-Baptiste de la Salle à Rouen, il y est aussi prof de théâtre. Il m'a transmis sa passion pour le théâtre, j'étais un ado de 17 ans pas trop sûr de qui il était, je n'avais jamais fait de théâtre, j'avais vu 3 spectacles dans ma vie et il m'a confié le rôle du Visiteur dans la pièce éponyme d'Éric-Emmanuel Schmitt et le coup de foudre avec la scène à été immédiat, je me suis senti chez moi tout de suite. Aujourd'hui je joue à Avignon dans une pièce produite par cet auteur que j'admire tellement, autre grande rencontre.

Il y a aussi eu Hervé Van der Meulen, directeur du CFA des comédiens aujourd'hui devenu l'ESCA à Asnières. J'y ai vraiment appris mon métier. Et puis il y a eu Alexis Michalik qui m'a pris dans son fameux Porteur d’Histoire à la sortie de l'école. On a créé le spectacle au théâtre des Béliers à Avignon le 8 juillet 2011 et ça a changé ma vie, ce spectacle m'a tout apporté, tout, même ma femme qui un soir s'est retrouvée dans la salle...

Bande-annonce "La Maison du loup" © Atelier Théâtre Actuel
Bande-annonce "La Maison du loup" © Atelier Théâtre Actuel

« Tout est séduisant pour moi chez Jack London, son goût pour l'aventure, sa liberté, sa façon de raconter des histoires... »

Quel a été le déclencheur de ce projet La maison du loup de Benoit Solès ?

Benoit voulait parler de « voyage ». Il a donc pensé à Jack London. Dans une biographie, on parlait de ses deux chefs-d’œuvre : Martin Eden et Le Vagabond des Étoiles. Et en lisant Le Vagabond des Étoiles, il a aimé l’histoire de ce voyage intérieur et a fini par découvrir que le personnage du livre avait réellement existé.

La pièce est décrite comme une épopée intime - est-ce purement fictif ?

Tous les faits relatés sont exacts, les détails de la vie de Jack London, la description de sa Maison du Loup, son rapport à sa femme Charmian, la vie de Ed Morel. Ce qui relève de la fiction est l'idée que ces trois personnages se soient retrouvés, le temps d'une soirée qui changera leur vie pour se raconter leurs histoires.

La rencontre a eu lieu mais pas précisément dans ces conditions. C'est une des grandes forces du travail de Benoit Solès, c'était déjà le cas dans La machine de Turing, il imagine ce qu'auraient pu se dire ces gens qui ont réellement existé.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce personnage de Jack London ? Son parcours ? Son aptitude à la solitude ? Sa marginalité ?

Tout est séduisant pour moi chez Jack London, son goût pour l'aventure, sa liberté, sa façon de raconter des histoires, son parcours de vie, ses engagements mais aussi ses faiblesses et c'est ça qui en fait un personnage sublime et intensément humain, ses addictions, ses contradictions, ses peurs et ses doutes.

Comment avez-vous apprivoisé ce monstre aventurier et aventureux ? Qu’est-ce qui est primordial pour incarner un tel personnage ancré dans les mémoires ?

Ce qui est primordial c'est d'être bien accompagné et Tristan Petitgirard est un grand directeur d'acteur. On a travaillé par couche, on ne peut pas tout jouer tout de suite et en même temps alors on travaille petit à petit, étape par étape, d'abord on va vers le personnage, on cherche son corps, sa voix et puis on ramène le personnage à soi, on le fait entrer dans notre corps, on essaye de rentrer dans son âme, dans son esprit. Le bonheur et la chance quand on interprète un grand homme comme Jack London c'est qu'il y a beaucoup à lire, non seulement ce que lui a écrit mais ce qu'on a écrit sur lui. Ma chance aussi c'est que Benoit a écrit une pièce d'acteur, et lui-même étant acteur il a écrit cette pièce à haute voix en la jouant, il avait donc une idée assez précise sur la façon dont je devais aborder ce personnage si complexe.

Jack London est un écrivain engagé. Était-il un visionnaire ?

Oui c'est un visionnaire, un homme engagé et en avance sur son temps, il était écolo avant l'heure, ramenait de ses voyages de nouvelles techniques d'agriculture. Il n'utilise pas de pesticides, il respecte l'environnement. Il fait de l'élevage de façon humaine, par exemple il traite tellement bien ses cochons qu'il ne leur fait pas construire une porcherie mais un palais ! Ses écrits sur le noble art sont des références dans bon nombre de club de boxe encore aujourd'hui, ses écrits sur l'alcool sont utilisés dans le cadre de réunion d'alcooliques anonymes pour mettre un terme à leur addiction et avec Le Talon de Fer cette contre-utopie décrivant une tyrannie capitaliste totalitaire aux États-Unis, il est l'auteur de la première dystopie moderne.

Dans quelle(s) direction(s) vous a dirigé(s) Tristan Petitgirard ?

Tristan est un metteur en scène précis et exigeant et c'est un directeur d'acteur sensible, il part donc de l'acteur que l'on est pour arriver au résultat qu'il a en tête. Il est très technique, on parle de sentiment, d'émotions qui traversent le personnage mais on parle aussi de diction, de soutenir ses finales, de respiration, de déplacements. C'est notre deuxième collaboration donc il me connaît par cœur et sait comment me diriger. C'est un bonheur.

Comment s’est déroulé le temps du plateau avec Benoit Solès ? 

Benoit est un auteur méticuleux qui est capable de remettre en question son texte si une autre idée lui vient, si le metteur en scène veut essayer quelque chose qui a priori ne va pas dans le sens du texte ou si un acteur ressent la nécessité de dire un mot à la place d'un autre. Mais même dans ce cas précis c'est lui qui trouve l'alternative et à la répétition d'après il dit "voilà ce que je te propose pour remplacer telle réplique". Je trouve que c'est la marque d'un auteur intelligent de savoir faire évoluer son texte à l'épreuve du plateau et c'est le cas de Benoit.

En quoi résonne ce spectacle avec notre époque ?

Les thèmes abordés dans ce spectacle sont éminemment actuels. Il est notamment question de la violence subie en prison, donc par extension, de violences policières. Thème malheureusement d'actualité. Quand Ed Morel (joué par Benoit Solès) nous raconte sa triste expérience de la camisole de force lors de sa détention au pénitencier de San Quentin il dit "Mes poumons, je ne peux plus respirer, à l'aide" des mots qui résonnent tragiquement avec ceux de Georges Floyd.

« J'aime mon métier mais j'aime par-dessus tout ma famille...  »

Une confidence ?

Je ne connaissais de Jack London que le film de Randal Kleiser adapté du roman Croc-Blanc.

Depuis j'ai lu cinq romans, une dizaine de nouvelles et je ne suis pas prêt de m'arrêter !

Un acte de résistance ?

Des amis à moi ont fondé une association qui s'appelle ‘’Lève Les Yeux’’ et qui alerte contre les dangers de la surexposition aux smartphones, aujourd'hui c'est un acte de résistance de tenter de décentrer un peu l'importance de nos téléphones dans nos vies. Mettre moins d'écran devant nos yeux et ceux de nos enfants et plus de vraie vie.

Un signe particulier ?

J'aime mon métier mais j'aime par-dessus tout ma famille, mes amis, ma femme et mes enfants qui sont mon moteur.

Un message personnel ?

Je voudrais remercier Benoit Solès de m'avoir imaginé dans le personnage de Jack London.

Un talent à suivre ?

Baya Rehaz. C'est une actrice, autrice, réalisatrice de grand talent, vous avez pu la voir récemment dans Miss de Ruben Alvès actuellement sur OCS, La Vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche ou Grâce à Dieu de François Ozon. Elle a écrit, réalisé et joué dans la Web série Paris, un jour de... et elle prépare de belles choses pour la suite.

Ce que vous n’aimeriez pas que l’on dise de vous ?

Je ne vais surtout pas le dire, j'ai trop peur que ça donne des idées !

Un message pour le public ?

Venez nous voir, vous ne le regretterez pas ! Benoit a écrit une grande pièce que Tristan a brillamment mis en scène, les décors de Juliette Azzopardi sont grandioses, la musique de Romain Trouillet nous emporte, c'est un quatrième personnage du spectacle, les costumes de Virginie H. sont magnifiques, les lumières de Denis Schlepp sont magiques et les vidéos de Mathias Delfau à partir des dessins de Riff Reb's sont parfaites. On a travaillé en famille et on a hâte de vous présenter notre bébé !

Publié le
15
.
07
.
2021
Par Jérôme Réveillère

Après La Machine de Turing, le comédien Amaury de Crayencour retrouve Benoit Solès et Tristan Petitgirard dans "La Maison du loup". Une épopée intime sur les traces de l’écrivain américain Jack London, et sur la rencontre qui provoquera l’écriture de son roman Le Vagabond des étoiles. Il a répondu à nos questions autour de cette création à découvrir au Festival Off d’Avignon, au Théâtre du Chêne Noir.

Photo © Solenne Jakovsky

« On est nombreux à regarder la même chose mais notre expérience est unique... »

Qu'est-ce qui vous a fait aimer, choisir le théâtre ?

L'adrénaline ! Rien n'est aussi fort pour moi que cette sensation extraordinaire au moment des saluts. On a raconté notre histoire, on a joué, on a eu un trac incroyable, le temps s'est arrêté, on est passé par mille émotions, on est encore traversé par chacune d'entre elles et on se présente, sans artifices, sans masques, devant le public qui fait ce geste si fort, si vibrant, si bruyant de joindre ses mains en les tapant fort les unes contre les autres pour nous dire merci. J'aime ce rapport au public, ces émotions partagées, la douleur au ventre avant une première qui nous fait nous demander ce qu'on fait là et la réponse qui vient très vite après quand on a commencé à jouer... On sait très bien ce qu'on fait là finalement, et c'est là qu'on est le mieux.

En quoi le théâtre est-il essentiel aujourd’hui ?

Le théâtre c'est un moment d'évasion, c'est un partage avec des dizaines, des centaines de personnes. On vit tous en même temps la même histoire, le même voyage. Le théâtre comme la musique, les livres, le cinéma est un moyen de sortir de soi et de son quotidien pour aller vers l'autre, découvrir l'autre et du coup revenir à soi changé, amélioré, plus riche de connaissances et d'émotions nouvelles. Le théâtre est un endroit où l'on apprend sur soi en apprenant sur les autres. C'est la meilleure thérapie possible ! Une thérapie de groupe qui ramène à une grande intimité. Il y a ce paradoxe sublime du spectateur, on est au beau milieu d'une foule mais on est seul, on est nombreux à regarder la même chose mais notre expérience est unique, on vit une chose intime et impudique, on rit, on pleure, on a la sensation que les acteurs ne sont là que pour nous.

Une rencontre artistique décisive ?

Ce métier est fait de rencontres, c'est ce qui nous fait avancer, évoluer, grandir. Alors il y a d'abord eu Stéphane Simons, professeur de lettres au lycée Saint Jean-Baptiste de la Salle à Rouen, il y est aussi prof de théâtre. Il m'a transmis sa passion pour le théâtre, j'étais un ado de 17 ans pas trop sûr de qui il était, je n'avais jamais fait de théâtre, j'avais vu 3 spectacles dans ma vie et il m'a confié le rôle du Visiteur dans la pièce éponyme d'Éric-Emmanuel Schmitt et le coup de foudre avec la scène à été immédiat, je me suis senti chez moi tout de suite. Aujourd'hui je joue à Avignon dans une pièce produite par cet auteur que j'admire tellement, autre grande rencontre.

Il y a aussi eu Hervé Van der Meulen, directeur du CFA des comédiens aujourd'hui devenu l'ESCA à Asnières. J'y ai vraiment appris mon métier. Et puis il y a eu Alexis Michalik qui m'a pris dans son fameux Porteur d’Histoire à la sortie de l'école. On a créé le spectacle au théâtre des Béliers à Avignon le 8 juillet 2011 et ça a changé ma vie, ce spectacle m'a tout apporté, tout, même ma femme qui un soir s'est retrouvée dans la salle...

Bande-annonce "La Maison du loup" © Atelier Théâtre Actuel
Bande-annonce "La Maison du loup" © Atelier Théâtre Actuel

« Tout est séduisant pour moi chez Jack London, son goût pour l'aventure, sa liberté, sa façon de raconter des histoires... »

Quel a été le déclencheur de ce projet La maison du loup de Benoit Solès ?

Benoit voulait parler de « voyage ». Il a donc pensé à Jack London. Dans une biographie, on parlait de ses deux chefs-d’œuvre : Martin Eden et Le Vagabond des Étoiles. Et en lisant Le Vagabond des Étoiles, il a aimé l’histoire de ce voyage intérieur et a fini par découvrir que le personnage du livre avait réellement existé.

La pièce est décrite comme une épopée intime - est-ce purement fictif ?

Tous les faits relatés sont exacts, les détails de la vie de Jack London, la description de sa Maison du Loup, son rapport à sa femme Charmian, la vie de Ed Morel. Ce qui relève de la fiction est l'idée que ces trois personnages se soient retrouvés, le temps d'une soirée qui changera leur vie pour se raconter leurs histoires.

La rencontre a eu lieu mais pas précisément dans ces conditions. C'est une des grandes forces du travail de Benoit Solès, c'était déjà le cas dans La machine de Turing, il imagine ce qu'auraient pu se dire ces gens qui ont réellement existé.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce personnage de Jack London ? Son parcours ? Son aptitude à la solitude ? Sa marginalité ?

Tout est séduisant pour moi chez Jack London, son goût pour l'aventure, sa liberté, sa façon de raconter des histoires, son parcours de vie, ses engagements mais aussi ses faiblesses et c'est ça qui en fait un personnage sublime et intensément humain, ses addictions, ses contradictions, ses peurs et ses doutes.

Comment avez-vous apprivoisé ce monstre aventurier et aventureux ? Qu’est-ce qui est primordial pour incarner un tel personnage ancré dans les mémoires ?

Ce qui est primordial c'est d'être bien accompagné et Tristan Petitgirard est un grand directeur d'acteur. On a travaillé par couche, on ne peut pas tout jouer tout de suite et en même temps alors on travaille petit à petit, étape par étape, d'abord on va vers le personnage, on cherche son corps, sa voix et puis on ramène le personnage à soi, on le fait entrer dans notre corps, on essaye de rentrer dans son âme, dans son esprit. Le bonheur et la chance quand on interprète un grand homme comme Jack London c'est qu'il y a beaucoup à lire, non seulement ce que lui a écrit mais ce qu'on a écrit sur lui. Ma chance aussi c'est que Benoit a écrit une pièce d'acteur, et lui-même étant acteur il a écrit cette pièce à haute voix en la jouant, il avait donc une idée assez précise sur la façon dont je devais aborder ce personnage si complexe.

Jack London est un écrivain engagé. Était-il un visionnaire ?

Oui c'est un visionnaire, un homme engagé et en avance sur son temps, il était écolo avant l'heure, ramenait de ses voyages de nouvelles techniques d'agriculture. Il n'utilise pas de pesticides, il respecte l'environnement. Il fait de l'élevage de façon humaine, par exemple il traite tellement bien ses cochons qu'il ne leur fait pas construire une porcherie mais un palais ! Ses écrits sur le noble art sont des références dans bon nombre de club de boxe encore aujourd'hui, ses écrits sur l'alcool sont utilisés dans le cadre de réunion d'alcooliques anonymes pour mettre un terme à leur addiction et avec Le Talon de Fer cette contre-utopie décrivant une tyrannie capitaliste totalitaire aux États-Unis, il est l'auteur de la première dystopie moderne.

Dans quelle(s) direction(s) vous a dirigé(s) Tristan Petitgirard ?

Tristan est un metteur en scène précis et exigeant et c'est un directeur d'acteur sensible, il part donc de l'acteur que l'on est pour arriver au résultat qu'il a en tête. Il est très technique, on parle de sentiment, d'émotions qui traversent le personnage mais on parle aussi de diction, de soutenir ses finales, de respiration, de déplacements. C'est notre deuxième collaboration donc il me connaît par cœur et sait comment me diriger. C'est un bonheur.

Comment s’est déroulé le temps du plateau avec Benoit Solès ? 

Benoit est un auteur méticuleux qui est capable de remettre en question son texte si une autre idée lui vient, si le metteur en scène veut essayer quelque chose qui a priori ne va pas dans le sens du texte ou si un acteur ressent la nécessité de dire un mot à la place d'un autre. Mais même dans ce cas précis c'est lui qui trouve l'alternative et à la répétition d'après il dit "voilà ce que je te propose pour remplacer telle réplique". Je trouve que c'est la marque d'un auteur intelligent de savoir faire évoluer son texte à l'épreuve du plateau et c'est le cas de Benoit.

En quoi résonne ce spectacle avec notre époque ?

Les thèmes abordés dans ce spectacle sont éminemment actuels. Il est notamment question de la violence subie en prison, donc par extension, de violences policières. Thème malheureusement d'actualité. Quand Ed Morel (joué par Benoit Solès) nous raconte sa triste expérience de la camisole de force lors de sa détention au pénitencier de San Quentin il dit "Mes poumons, je ne peux plus respirer, à l'aide" des mots qui résonnent tragiquement avec ceux de Georges Floyd.

« J'aime mon métier mais j'aime par-dessus tout ma famille...  »

Une confidence ?

Je ne connaissais de Jack London que le film de Randal Kleiser adapté du roman Croc-Blanc.

Depuis j'ai lu cinq romans, une dizaine de nouvelles et je ne suis pas prêt de m'arrêter !

Un acte de résistance ?

Des amis à moi ont fondé une association qui s'appelle ‘’Lève Les Yeux’’ et qui alerte contre les dangers de la surexposition aux smartphones, aujourd'hui c'est un acte de résistance de tenter de décentrer un peu l'importance de nos téléphones dans nos vies. Mettre moins d'écran devant nos yeux et ceux de nos enfants et plus de vraie vie.

Un signe particulier ?

J'aime mon métier mais j'aime par-dessus tout ma famille, mes amis, ma femme et mes enfants qui sont mon moteur.

Un message personnel ?

Je voudrais remercier Benoit Solès de m'avoir imaginé dans le personnage de Jack London.

Un talent à suivre ?

Baya Rehaz. C'est une actrice, autrice, réalisatrice de grand talent, vous avez pu la voir récemment dans Miss de Ruben Alvès actuellement sur OCS, La Vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche ou Grâce à Dieu de François Ozon. Elle a écrit, réalisé et joué dans la Web série Paris, un jour de... et elle prépare de belles choses pour la suite.

Ce que vous n’aimeriez pas que l’on dise de vous ?

Je ne vais surtout pas le dire, j'ai trop peur que ça donne des idées !

Un message pour le public ?

Venez nous voir, vous ne le regretterez pas ! Benoit a écrit une grande pièce que Tristan a brillamment mis en scène, les décors de Juliette Azzopardi sont grandioses, la musique de Romain Trouillet nous emporte, c'est un quatrième personnage du spectacle, les costumes de Virginie H. sont magnifiques, les lumières de Denis Schlepp sont magiques et les vidéos de Mathias Delfau à partir des dessins de Riff Reb's sont parfaites. On a travaillé en famille et on a hâte de vous présenter notre bébé !