Arnaud Maillard

« Le théâtre de demain c’est tout sauf ça ! »

Grand habitué des personnages décalés et singuliers au théâtre, on pense notamment à ses interprétations renversantes dans Le Banquet de Mathilda May, Arnaud Maillard nous expose, dans un style laconique, sa vision du théâtre et évoque son prochain seul en scène Arnaud Maillard marche sur la tête, peuplé de personnages tout aussi atypiques que lui.

« Se sentir libre sur scène...»

En quoi le théâtre est-il essentiel aujourd’hui ?

Pour moi, le théâtre a toujours été et restera essentiel.

Il permet de poser toute sorte de questions sur notre société, et il essaye d’y répondre en nous questionnant.

Il est là pour nous éduquer, cultiver et nous élever.

Il nous offre une ouverture sur des mondes existants ou imaginaires.

Il nous permet de transcender le réel et dans un miroir d’en être l’écho.

Comment voyez-vous le théâtre demain ?

Médiocre, inintéressant, formaté, convenu, approximatif, vil, racoleur, poussif, prétentieux, inapproprié, paresseux…

Le théâtre de demain c’est tout sauf ça !

Le théâtre de demain est et sera en perpétuel mouvement, il sait s’adapter. Il est malléable à l’infini, car il est simple de par sa forme.

Votre définition de la culture ?

Pour moi la culture c’est ce qui me manque en ce moment, c’est ce qui nous rend plus riche, plus fort.

Que ce soit la musique, la peinture, le théâtre, la sculpture, le cinéma…

L’art au sens large du terme est ce qui aide à nous définir en tant qu’individu.

L’art nous rassemble et permet l’échange.

Un monde sans arts est un monde qui tourne en rond.

Vos batailles pour la culture ?

J’essaye à chaque fois que je le peux, d’inviter les gens à venir assister à un spectacle. Car il y en a beaucoup et de tous les âges, qui ne sont jamais encore allés au théâtre. Et je me réjouis et les envie de voir leurs réactions après cette première fois. Quel plaisir à l’issue de la représentation d’échanger avec eux et d’entendre dire qu’ils vont y retourner.

Aller au théâtre peut faire peur, lorsque l’on ne le connaît pas. On entend trop souvent cette phrase, « Ce n’est pas pour moi ». Alors il faut casser cette image. Il existe des associations qui offrent des places à des gens qui n’ont pas les moyens. Quand je joue à Avignon, je participe à cette opération. 

L’art est, et appartient à tout le monde.

Qu'est-ce qui vous a fait aimer / choisir le théâtre ?

La liberté. Se sentir libre sur scène parfois plus que dans la vie.

Une rencontre artistique décisive ?

Julie Ferrier, Mathilda May et Pierre Richard. Et bien d’autres encore je l’espère...

Un personnage fétiche ?

Sganarelle dans Don Juan de Molière

"Arnaud Maillard marche sur la tête" - La Nouvelle Seine - Photo © Kobayashi
"Arnaud Maillard marche sur la tête" - La Nouvelle Seine - Photo © Kobayashi

« C’est un spectacle plus intime... »

Quel a été le déclencheur de Arnaud Maillard marche sur la tête ?

Une histoire vraie et vécue.

Est-ce un spectacle politique ?

« Ce que tu donnes est à toi pour toujours. Ce que tu gardes est perdu à jamais. » Proverbe soufi.

Plus que jamais. Le devoir de transmettre, d’offrir et d’ouvrir les horizons.

Faire le tour de France à pied (2500 kilomètres) pendant trois mois pour ouvrir, chaque soir, un théâtre éphémère dans le village. Là où les gens n’ont jamais vu de théâtre. Une expérience hors normes, qui une fois vécue, méritait d’être racontée.

En chacun de mes personnages il y a une émotion, un sentiment, une sensation bien précise...

Pourquoi avoir choisi de raconter cette aventure sous la forme d’un seul en scène plutôt que d’une pièce ?

Après avoir créé mon premier seul en scène dirigé par Julie Ferrier, puis joué dans Le Banquet de Mathilda May où nous étions dix comédiens, je voulais revenir au solo. J’aime bien faire le grand écart, même si ça reste du théâtre, ça m’aide à me remettre en question artistiquement. 

Quelle place occupe l’autofiction dans ce road movie ?

Elle est totale. Ce spectacle s’inscrit dans un pacte oxymoronique.

Comment décririez-vous la vingtaine de personnages qui jalonnent ce voyage initiatique ?

D'essentiel, car en chacun d’eux il y a une émotion, un sentiment, une sensation bien précise qui forme un tout. La vie.

Le parti pris de raconter cette épopée de façon épurée, dans une boîte noire, en costume noir contraste avec votre précédent seul en scène, pourquoi ce choix ? Est-ce un spectacle plus intime ?

C’est effectivement un spectacle plus intime, sans être intimiste.

La mise en scène de Clotilde Daniault est brillante et très précise.

La création sonore de Philippe Demouy est un petit bijou pour les oreilles.

La création visuelle de Léo Delorme est d’une ingéniosité rare.

J’ai une grande chance de travailler avec des personnes passionnées et passionnantes.

Après votre premier seul en scène Arnaud Maillard seul dans sa tête… ou presque, puis maintenant Arnaud Maillard marche sur la tête, peut-on imaginer une suite comme une série ? Une trilogie ?

Pourquoi pas ? Le titre pourrait être Tête à tête.

« Rester jeune, c’est dans la tête... »

Une confidence ?

Je pense souvent plus aux autres qu’à moi. 

Un acte de résistance ?

À chaque fois que je monte sur scène. 

Un signe particulier ?

1m87.

Un vice caché ?

Mes cheveux longs.

Un talent à suivre ?

Claire-Marie Bronx. Musicienne, chanteuse, comédienne de talent et qui a composé les musiques de mon nouveau spectacle.

Ce que vous n’aimeriez pas que l’on dise de vous ?

Que je suis sourd ! ... Pardon, vous dites ?

« Avec... »

...Adieu Monsieur Haffmann de Jean-Philippe Daguerre avec entre autres la talentueuse Charlotte Matzneff, j’ai eu envie de travailler avec eux, un jour je l’espère...

...Pierre Richard dans Monsieur X, j’ai compris que rester jeune, c’est dans la tête. 

...Living Las Vegas de Mike Figgis, j’ai appris à observer le talent brut de Nicolas Cage.

...L’homme qui danse ou La vraie danse du diable de Philippe Caubère, j’ai décidé de monter seul sur scène.

...Aujourd’hui, c’est Ferrier de Julie Ferrier, j’ai rencontré une artiste de talent, une metteuse en scène, une amie.

...Kiss de Prince, j’ai commis un grand écart sur les pistes de danse en boîte (vous vous souvenez ?).

...Le Banquet de Mathilda May, j’ai goûté à une divine autre forme théâtrale.

« Trois choses à savoir sur Arnaud Maillard... »

Difficile de répondre sur soi. J’ai demandé alors autour de moi…

Les pieds sur terre, discret et talentueux. 

Personnellement je n’aurais pas répondu ça, merci à eux.

« Mon message au public... »

À demain soir...

Publié le
27
.
01
.
2021
Par Jérôme Réveillère

Grand habitué des personnages décalés et singuliers au théâtre, on pense notamment à ses interprétations renversantes dans Le Banquet de Mathilda May, Arnaud Maillard nous expose, dans un style laconique, sa vision du théâtre et évoque son prochain seul en scène Arnaud Maillard marche sur la tête, peuplé de personnages tout aussi atypiques que lui.

Photo © Guillaume Bounaud

« Se sentir libre sur scène...»

En quoi le théâtre est-il essentiel aujourd’hui ?

Pour moi, le théâtre a toujours été et restera essentiel.

Il permet de poser toute sorte de questions sur notre société, et il essaye d’y répondre en nous questionnant.

Il est là pour nous éduquer, cultiver et nous élever.

Il nous offre une ouverture sur des mondes existants ou imaginaires.

Il nous permet de transcender le réel et dans un miroir d’en être l’écho.

Comment voyez-vous le théâtre demain ?

Médiocre, inintéressant, formaté, convenu, approximatif, vil, racoleur, poussif, prétentieux, inapproprié, paresseux…

Le théâtre de demain c’est tout sauf ça !

Le théâtre de demain est et sera en perpétuel mouvement, il sait s’adapter. Il est malléable à l’infini, car il est simple de par sa forme.

Votre définition de la culture ?

Pour moi la culture c’est ce qui me manque en ce moment, c’est ce qui nous rend plus riche, plus fort.

Que ce soit la musique, la peinture, le théâtre, la sculpture, le cinéma…

L’art au sens large du terme est ce qui aide à nous définir en tant qu’individu.

L’art nous rassemble et permet l’échange.

Un monde sans arts est un monde qui tourne en rond.

Vos batailles pour la culture ?

J’essaye à chaque fois que je le peux, d’inviter les gens à venir assister à un spectacle. Car il y en a beaucoup et de tous les âges, qui ne sont jamais encore allés au théâtre. Et je me réjouis et les envie de voir leurs réactions après cette première fois. Quel plaisir à l’issue de la représentation d’échanger avec eux et d’entendre dire qu’ils vont y retourner.

Aller au théâtre peut faire peur, lorsque l’on ne le connaît pas. On entend trop souvent cette phrase, « Ce n’est pas pour moi ». Alors il faut casser cette image. Il existe des associations qui offrent des places à des gens qui n’ont pas les moyens. Quand je joue à Avignon, je participe à cette opération. 

L’art est, et appartient à tout le monde.

Qu'est-ce qui vous a fait aimer / choisir le théâtre ?

La liberté. Se sentir libre sur scène parfois plus que dans la vie.

Une rencontre artistique décisive ?

Julie Ferrier, Mathilda May et Pierre Richard. Et bien d’autres encore je l’espère...

Un personnage fétiche ?

Sganarelle dans Don Juan de Molière

"Arnaud Maillard marche sur la tête" - La Nouvelle Seine - Photo © Kobayashi
"Arnaud Maillard marche sur la tête" - La Nouvelle Seine - Photo © Kobayashi

« C’est un spectacle plus intime... »

Quel a été le déclencheur de Arnaud Maillard marche sur la tête ?

Une histoire vraie et vécue.

Est-ce un spectacle politique ?

« Ce que tu donnes est à toi pour toujours. Ce que tu gardes est perdu à jamais. » Proverbe soufi.

Plus que jamais. Le devoir de transmettre, d’offrir et d’ouvrir les horizons.

Faire le tour de France à pied (2500 kilomètres) pendant trois mois pour ouvrir, chaque soir, un théâtre éphémère dans le village. Là où les gens n’ont jamais vu de théâtre. Une expérience hors normes, qui une fois vécue, méritait d’être racontée.

En chacun de mes personnages il y a une émotion, un sentiment, une sensation bien précise...

Pourquoi avoir choisi de raconter cette aventure sous la forme d’un seul en scène plutôt que d’une pièce ?

Après avoir créé mon premier seul en scène dirigé par Julie Ferrier, puis joué dans Le Banquet de Mathilda May où nous étions dix comédiens, je voulais revenir au solo. J’aime bien faire le grand écart, même si ça reste du théâtre, ça m’aide à me remettre en question artistiquement. 

Quelle place occupe l’autofiction dans ce road movie ?

Elle est totale. Ce spectacle s’inscrit dans un pacte oxymoronique.

Comment décririez-vous la vingtaine de personnages qui jalonnent ce voyage initiatique ?

D'essentiel, car en chacun d’eux il y a une émotion, un sentiment, une sensation bien précise qui forme un tout. La vie.

Le parti pris de raconter cette épopée de façon épurée, dans une boîte noire, en costume noir contraste avec votre précédent seul en scène, pourquoi ce choix ? Est-ce un spectacle plus intime ?

C’est effectivement un spectacle plus intime, sans être intimiste.

La mise en scène de Clotilde Daniault est brillante et très précise.

La création sonore de Philippe Demouy est un petit bijou pour les oreilles.

La création visuelle de Léo Delorme est d’une ingéniosité rare.

J’ai une grande chance de travailler avec des personnes passionnées et passionnantes.

Après votre premier seul en scène Arnaud Maillard seul dans sa tête… ou presque, puis maintenant Arnaud Maillard marche sur la tête, peut-on imaginer une suite comme une série ? Une trilogie ?

Pourquoi pas ? Le titre pourrait être Tête à tête.

« Rester jeune, c’est dans la tête... »

Une confidence ?

Je pense souvent plus aux autres qu’à moi. 

Un acte de résistance ?

À chaque fois que je monte sur scène. 

Un signe particulier ?

1m87.

Un vice caché ?

Mes cheveux longs.

Un talent à suivre ?

Claire-Marie Bronx. Musicienne, chanteuse, comédienne de talent et qui a composé les musiques de mon nouveau spectacle.

Ce que vous n’aimeriez pas que l’on dise de vous ?

Que je suis sourd ! ... Pardon, vous dites ?

« Avec... »

...Adieu Monsieur Haffmann de Jean-Philippe Daguerre avec entre autres la talentueuse Charlotte Matzneff, j’ai eu envie de travailler avec eux, un jour je l’espère...

...Pierre Richard dans Monsieur X, j’ai compris que rester jeune, c’est dans la tête. 

...Living Las Vegas de Mike Figgis, j’ai appris à observer le talent brut de Nicolas Cage.

...L’homme qui danse ou La vraie danse du diable de Philippe Caubère, j’ai décidé de monter seul sur scène.

...Aujourd’hui, c’est Ferrier de Julie Ferrier, j’ai rencontré une artiste de talent, une metteuse en scène, une amie.

...Kiss de Prince, j’ai commis un grand écart sur les pistes de danse en boîte (vous vous souvenez ?).

...Le Banquet de Mathilda May, j’ai goûté à une divine autre forme théâtrale.

« Trois choses à savoir sur Arnaud Maillard... »

Difficile de répondre sur soi. J’ai demandé alors autour de moi…

Les pieds sur terre, discret et talentueux. 

Personnellement je n’aurais pas répondu ça, merci à eux.

« Mon message au public... »

À demain soir...